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Mohamed Echouel : « Notre ouverture d’esprit nous a permis de trouver des jeunes incroyables »

10 février 2008

Née il y a un an, KIF est assez peu connu des lecteurs de Tuner. Pouvez-vous nous la présenter ?


Et bien, KIF est une radio francophone indépendante créée en mai 2006 par une équipe de passionnés et de professionnels. Elle émet actuellement à Bruxelles sur le 94.0 Fm et elle cible tous les jeunes de 15 à 35 ans. Notre station est spécialisée dans le concept musical Hip-hop/R’n’B/Ragga et ses dérivés, en clair le mélange de plusieurs cultures musicales urbaines différentes très en vogue qui répond à une forte demande dans les zones urbaines. Elle est autonome grâce aux nombres de personnes qui y travaillent. On peut facilement deviner ses capacités notamment par la création de l’habillage sonore digne d’une station à gros budget. KIF a donc la particularité d’avoir un potentiel énorme en termes de personnes. Son secret réside par le fait de mettre en avant concrètement les jeunes talents de la rue. C’est notamment la raison pour laquelle elle a choisi un slogan très urbain « K.I.F, La Street Radio ».

Peut-on peut dire que vous reprenez une partie du format laissé libre par le changement de format de Vibration…

Parfois, le hasard fait bien les choses. L’idée de lancer ce nouveau concept est très ancien. Il se fait qu’au moment du lancement de KIF, Radio vibration a décidé de changer son style. Mais n’y voyez aucune reprise de projet laissé par cette radio. La musique que nous passons est une musique qui est effectivement très « Urban Street ». Nous sommes évidemment ravis d’être la seule radio à diffuser et à être spécialiste dans ce genre de musique sur Bruxelles.

Avec le style de musique que vous passez et votre nom, certains ont fait des commentaires sur notre forum considérant que vous seriez une radio communautaire de plus…

Ce n’est pas parce que nous passons de la musique Hip-hop/R’n’B très appréciée par les jeunes issues de l’immigration ou parce que je m’appelle « Mohamed » que nous devons être taxés de radio ethnique ou communautaire. Notre équipe est une équipe où se rencontrent des gens de tous les horizons et à l’image de Bruxelles. Etant d’origine marocaine, je mets un point d’honneur sur la réussite des jeunes quelque soit son origine. Je suis soucieux de donner la chance aux jeunes de tous les horizons dans nos actes et dans les positions qu'on leurs donnent (conseil d’administration, animateurs, assistants, journalistes...), et leur faire transmettre la passion de la radio, là où certains médias leurs laissent très peu de chances. Notre ouverture d’esprit nous a permis de trouver des jeunes aux talents incroyables.

On sait que le financement d’une radio indépendante, à fortiori thématique, est assez difficile surtout sur une fréquence ne permettant pas de couvrir l’intégralité de la capitale. Comment arrivez-vous à faire vivre votre radio ?

Comme vous le savez, nous sommes d’abord des passionnés de la radio. Au début, chaque membre a contribué pour que nous réussissions notre projet, en mettant la main dans notre poche par des cotisations mensuelles qui ont fait vivre la radio. Par le succès récent de la station et notre sérieux, nous commençons petit à petit à obtenir des petites rentrées financières qui nous permettent au fur et à mesure de mieux faire tourner cette belle radio.

De quoi sont constitués vos programmes ? Ceux ci sont-ils uniquement musicaux ?

Nos programmes sont aussi bien d’ordre musical qu’informatif. Nous disposons de plusieurs émissions musicales spécialisés en Hip-hop/R’n’B, Rap, Ragga, Reggae, 2 Step/Garage, Rap, Slowjam, Drum & Bass, Old School. Nous avons aussi une émission spécialisée dans le rap belge, où des artistes Belges et de Bruxelles sont programmés, alors qu’ils n’ont pas droit au chapitre dans d’autre médias. En effet, la Belgique en général et Bruxelles regorgent de talents musicaux. Ces artistes restent ignorés par les grosses radios car leur musique ne se « vend » pas. Ce qui nous intéresse parmi ces artistes de talents, c’est non seulement la capacité à écrire leur musique, la produire mais aussi le message qu’ils veulent bien nous transmettre. Nous avons aussi des émissions interactives comme le morning quotidien « Le Wake-up » animée par l’équipe des humoristes belges : les « Phazy Phaz ». C’est un très grand atout pour une radio indépendante comme la nôtre. D’autres émissions interactives sont programmées également comme « Girly », une émission animée par cinq filles qui font partie de notre volonté d’équilibrer l’équipe en mettant aussi bien des hommes que des femmes. Des sets Dj’s sont également programmés en soirée où des Dj’s Belges diffusent leurs dernières sessions appréciées dans les plus grands clubs de Belgique. En tout, les émissions animées sont composées de plus d'une trentaine d'animateurs et de DJs, dynamiques qui se relayent tous les jours et qui sont des réels passionnés et des professionnels spécialistes de la musique. Enfin, nous donnons une grande priorité à l'information. En clair, tout ce qui est susceptible d'intéresser les jeunes citadins : on y retrouve de l'actualité générale, musicale, socioculturelle en passant par les infos "people" et les différents centres d'intérêts des auditeurs. Le mot d'ordre est de tenir le jeune informé quotidiennement par des chroniques, des rubriques, des flashs d'informations ponctuels et par les émissions.

Vous avez commencé à émettre sur 94.1. Vous êtes maintenant sur 94.0 ce qui a permis à votre radio d’améliorer sa couverture. On peut supposer que vous avez l’intention de couvrir tout Bruxelles, et d’autres villes de Belgique…

Nous avons, en effet, débuté sur le 94.1 Mhz. Mais nous n’étions pas contents de la couverture sur Bruxelles. Nous avons glissé sur le 94.0 Mhz où là, nous sommes captés dans Bruxelles. Notre priorité, c’est de créer une base solide à Bruxelles en termes de programmation, du confort d’écoute mais aussi en termes de visibilité. Nous voulons être présents là où les jeunes sont présents : activités musicales, soirées, discothèque, activités sportives...

Etant belge d’origine maghrébine et ex-administrateur d’une radio arabe à Bruxelles, quel regard portez-vous sur l’explosion des radios communautaires dans la capitale ?

L’explosion de ce genre de radio m’inquiète. Non par son existence, mais par la qualité aussi bien technique que la programmation qui s’en dégage. Mais certaines laissent à désirer. Bruxelles est une ville multiculturelle, pourquoi ne pas donner la possibilité aux radios dites « Communautaires » de s’exprimer.

Auriez-vous un message à faire passer à ceux qui décideront du sort de KIF dans le cadre des appels d’offre ?

Nous voulons leur dire de prendre en considération les radios indépendantes, parce que ce genre de radio peut avoir de grands projets d’avenir et s’aligner au rang de radios de qualité uniquement par le talent et la volonté des membres qui souhaitent faire quelque chose d’unique en Belgique. Nous voulons également leur dire que KIF représente un média des jeunes de tous les milieux et toutes les couches sociales actuelles, que nous sommes candidat pour l’appel d’offres et nous voulons avoir notre fréquence de manière légale à Bruxelles. Nous sommes conscient que c’est le dossier qui départagera tout le monde et j’en profite pour souhaiter bonne chance à toutes les radios indépendantes qui prônent la culture belge et donne les possibilités aux jeunes de réaliser leurs rêves. Ils font un travail honorable dans leur localité dû à leur motivation et à leur passion de la radio, qui est très respectable et qu’il faut les prendre fort en considération.


Propos recueillis par Yves Castel - INTERVIEW RADIO  4 février 2008
yves@tuner.be

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